
Notre mise en perspective
Il y a une quantité incommensurable de travaux sur le bonheur. En passant par Aristote, Bouddha, Schopenhauer, Montaigne, tous ont leurs idées plus ou moins étroites sur ce sujet.
Néanmoins, ces préceptes sont-ils applicables de nos jours en raison des changements et des avancées socio-culturelles et notamment, de l’arrivée des nouvelles technologies ?
Quand Epicure et Aristote prônaient le plaisir, Kant prônait la sobriété et Schopenhauer quant à lui, pensait que le bonheur se trouvait dans ce que nous sommes.
Aujourd’hui, à l’ère des nouvelles technologies, suivre leurs préceptes s’avérerait de plus en plus difficile et anticonformiste.
Le paraître a pris une place prépondérante dans notre société. Les plaisirs naturels et nécessaires se sont de plus répandus, laissant place dans certaines sociétés à un souhait exacerbé de toujours avoir plus, tout en ignorant les sociétés qui n’ont pas accès aux plaisirs naturels et nécessaires. Pour certains, ces plaisirs se font de plus en plus communs et la notion de plaisir a évolué année après année, en entraînant celle du bonheur.
Le fait d’avoir constamment un smartphone sur soi, d’être sans cesse connecté avec le monde entier, de recevoir notifications après notifications entravent l’instant. Comment profiter du moment présent en étant sans cesse dérangé ?
Alors que le plaisir change, se fait de plus en plus difficile d’accès, les souhaits de chacun se compliquent alors que le bonheur réside principalement dans la simplicité.
On peut également parler de l’amitié source de bonheur indispensable à l’individu. L’amitié répond aux besoins primordiaux d’appartenance et d’estime. Alors que Facebook tend vers son apogée, les liens sociaux se font plus faibles, plus courts et la solitude s’accroit. Cela constitue un énorme paradoxe. Des nouvelles innovations ayant pour but d’améliorer notre vie peuvent parfois nous affaiblir et nous contrôler. Combien de personnes pourraient se passer de réseaux sociaux en 2016 ?
Ces réseaux sociaux constituent davantage une entrave qu’une évolution fulgurante vers le chemin de l’amitié.
De nos jours, les discussions instantanées ont remplacé les matins sur la place du marché ou au café comme dans le film « Mon Oncle » de Jacques TATI, film représentant l’évolution de la société de consommation dans les années 50-60.
Tout est devenu consommation rapide, les restaurants, la musique, l’amour et l’amitié.
Toutes ces évolutions ont favorisé la société de consommation, tout en rendant l’accès au bien-être plus complexe.
Il m’est souvent arrivé de débattre avec mon grand-père, orphelin dès ses 4 ans, sur la notion du bonheur, tel qu’il la percevait à son époque (1945) et sur ma vision en 2010. Totalement différent, une orange pour Noël le comblait, alors que je me sentais il y a quelques années déjà insatiable à propos de tout ce qui était consommation.
Il est néanmoins important de dire que ces nouveaux moyens de communication, ces nouvelles technologies ont permis un accès exceptionnel à la culture. On peut aussi dire que la littérature se fait de plus en plus ouverte. Les livres d’auteurs français décédés sont de moins en moins chers. Le savoir est une grande porte ouverte vers le bonheur. Pour être heureux, il faut comprendre énormément de choses. C’est pour cela qu’un certain degré de maturité reste néanmoins indispensable. Toute innovation s’accompagne de méfaits et de bienfaits. Le paradoxe vient, comme je l’ai déjà dit, du fait que parfois ces nouvelles technologies nous sont plus que défavorables.
Pour conclure, les théories sur le bonheur se font malheureusement de moins en moins applicables et réalistes aux yeux de notre génération. On peut dire qu’il faut vivre avec son temps. Vivre avec son temps ne signifie pas pour autant bannir tous les préceptes primordiaux édictés par les plus grands philosophes. Il ne faut pas non plus céder à tout vice, cela va sans dire. Les nouveaux moyens de communication sont accompagnés de leur lot de vices : l’addiction, le cyberharcèlement... De nouvelles perspectives dangereuses avec lesquelles l’homme doit apprendre à vivre.
Il faut, comme on a cessé de le rappeler, vivre de manière pondérée et réfléchie.
La vie n’est que plaisir.